Un cône mou en tissus rouge et blanc pendouillant au bout d’un mât.
N’y a t-il pas plus bel accessoire, pour un aérodrome qu’une biroute ?
« Biroute » me direz vous, c’est un terme grivois à la symbolique phallique ! Et bien non, « biroute » est bien synonyme de manche à air, sans chercher plus loin dans le vocabulaire argotique.
Mais si, je vous assure, allez vérifier dans un dictionnaire si vous le souhaitez.
Nous allons aborder la partie technique de ce bel organe mais la biroute, c’est d’abord du rêve. Quelque chose d’intemporel rappelant les heures de gloire de l’aviation à taille humaine ornée d’avions et de figures de légende. Chaque terrain d’aviation a depuis toujours sa manche à air et l’aura certainement toujours vu sa simplicité; comment pourrait-on la remplacer ?
Cette biroute, c’est surtout la matérialisation du vent, cette divinité avec laquelle chaque pilote doit humblement composer. Ce dieu Kamikaze* s’amuse avec elle, la tourne ou la gonfle brusquement.
L’utilisateur des aérodromes le sait et surveille ce boudin rouge et blanc seul témoin de la force de ce fluide invisible qui pourrait le mettre en péril dans cet espace temps où se croisent les mondes terrestre et aérien.
*Kamikaze se prononce « cami(=dieu) casé(=vent) », littéralement divinité du vent en Japonais (dans le sens non suicidaire du terme)
Voilà l’intérêt de l’objet, donner à tout moment un échantillon de la direction et de la vitesse du vent.
- Lire la vitesse du vent au sol
- Le support de la biroute techniquement
- C’est important la vitesse du vent pour le pilote ?
Lire la vitesse du vent au sol
Comment ?
La lecture est assez simple.
Le cône est constitué de trois bandes rouges et de deux bandes blanches (les extrémités sont rouges). Le vent s’engouffre par le grand diamètre et sort par le petit diamètre.
Le mât sur lequel il est fixé lui permet de suivre la direction du vent selon deux angles.
Le vent selon sa vitesse gonfle plus ou moins le cône et celui-ci se plie à un endroit.
Il faut alors compter les anneaux qui sont gonflés et comme chaque anneau représente 5 nœuds, on a alors la vitesse du vent (0, 5, 10, 15, 20 et 25 nœuds ou plus lorsque la biroute est à l’horizontal !!).
Un nœud (a knot in English) cela fait 1.852 km/h soit en gros 2 km/h à 10% près (en moins). On peut alors convertir sans trop de difficulté en faisant comme suit:
- 2 fois, moins 10%
- 1 nœud, c’est 2 km/h moins 10% de 2 km/h (soit 0.2 km/h), donc 1.8 km/h.
- 25 nœuds (25 kts), c’est 50 km/h – 5 km/h, donc 45 km/h
Pas ou peu de vent:
5 nœuds de vent:
10 nœuds de vent:
15 nœuds de vent:
20 nœuds de vent:
25 nœuds de vent et plus (biroute horizontale):
Le support de la biroute techniquement
Une biroute d’aérodrome c’est classiquement et techniquement:
- Un manchon en tissus polyester (120 gr/m²) de 4.5 m de longueur, d’un diamètre de 90 cm à l’entrée et d’un diamètre de 30 cm à la sortie.
- Un mât (un tube en acier pliable pour accéder sans échelle au manchon) d’une hauteur d’environ 6m. A son extrémité il y a un roulement à billes permettant au manchon de pivoter sur un axe vertical comme une girouette.
Sur cette girouette est monté un axe horizontal sur lequel un arceau est fixé. La direction de ce mécanisme peut alors pointer vers le haut ou vers le bas pour accompagner le mouvement du tissus. - Le manchon en tissus est fixé à l’arceau grâce à un lacet passant à travers des œillets disposés sur le grand diamètre du manchon en tissus.
C’est important la vitesse du vent pour le pilote ?
Mais alors, pourquoi est ce important pour le pilote ?
On décolle et on se pose toujours face au vent (sauf exception si l’on a pas le choix) afin de réduire la vitesse sol, c’est à dire la vitesse relative de l’aéronef par rapport au sol.
Cela permet de « consommer » moins de distance au sol pour le décollage et l’atterrissage.
Il vaut mieux donc jeter un coup d’œil à la biroute et choisir la piste qui permettra de décoller ou de se poser « vent dans le nez ». C’est l’indication d’orientation.
Et puis il, cela permet aussi d’avoir une idée de la vitesse du vent. Ceci est très important car on choisira la vitesse d’atterrissage en fonction de cette valeur.
Pourquoi ?
Parce que l’air est un fluide en mouvement par rapport au sol (ce qu’on appelle le vent effectif) et que comme tout fluide, sa vitesse varie en fonction de l’éloignement d’une surface sur laquelle il s’écoule.
Il existe donc un gradient de vitesse. Il faut comprendre que la vitesse du vent n’est pas la même à 10m au dessus du sol qu’à 0,5m. Au contact du sol, il n’y a en principe pas d’écoulement à cause du frottement avec le sol et par frottement visqueux, les couches d’air sont entraînées par l’écoulement qui se trouve plus loin du sol. Cette épaisseur d’air dans laquelle la vitesse décroît est plus ou moins grandes selon la nature du terrain et la vitesse du vent et la qualité de l’air mais il existe toujours et la hauteur du mât de la manche à air, suffisamment haut permet de donner mesure que l’on pourrait qualifier de valable, comprendre assez loin dans le gradient de vitesse. Cette couche est d’une épaisseur de quelques mètres à quelques dizaines de mètres, ce qui est plus haut que tous les planeurs et les avions légers posés au sol.
Ceci est très important pour l’atterrissage car si l’aéronef n’a pas assez de vitesse avant de pénétrer dans cette zone de gradient, sa trajectoire s’infléchira assez brutalement vers le bas, sans que l’on puisse faire quoi que ce soit. En d’autres termes c’est un peu comme si il chutait de 3 ou 4 m insuffisamment porté par ses ailes pour pouvoir refuser normalement le sol.
C’est pour cette deuxième raison que les pilotes de planeur (et les autres) regardent la biroute et calculent mentalement la vitesse optimale d’approche (VOA) comme suit:
VOA (en km/h)
=
Vitesse d’approche sans vent (en km/h)
+
vitesse du vent / 2 (en km/h)
+
Vitesse de rafale entière (en km/h)
Par exemple :
Vitesse d’approche sans vent (manuel du planeur) : 90 km/h
Vent estimé 15 à 25 noeuds soit 30 à 50 km/h.
La vitesse de rafale vaut donc 50-30=20 km/h
VOA = 90km/h + (50/2) + 20 = 135 km/h minimum
Alors pour toutes ces bonnes indications, chère biroute, nous te remercions !
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Bien sympathique les explications. On croirait vivre sur un terrain d’aviation
Bonjour,
Merci beaucoup pour commentaire.
C’est exactement ça. Mon but est d’expliquer et faire ressentir ce qu’est le vol à voile.
Je suis content que cela vous plaise.
Souhaiteriez vous que j’aborde un sujet particulier ?
Je tombe sur votre site très sympathique.
J’aimerais bricoler une manche à air miniature, savez-vous où je pourrais me procurer le roulement à bille et deux arceaux de 15 cm et l’autre de 8 cm de diamètre pour une longueur total de 60 cm.
Je cherche aussi des chutes de toiles de Spy ou autre toile pour le manchon.
Mrci à vous.
Cordialement.
Roland Querry
Bonjour Roland,
Votre projet est sympathique.
Un vieux réflexe de modéliste m’amène à vous proposer d’utiliser de la corde à piano pour faire les arceaux. Avec le bon diamètre de fil (pas trop gros), il suffirait juste de croiser les deux extrémité et des les ligaturer avec un peu de colle époxy (faire un montage sur une plaque je pense). Le fil restera dans le domaine élastique et fera donc un cercle parfait.
Pour les roulements, ce n’est pas très cher chez des revendeurs sur le net.
Une solution pourrait consister à faire de la récup sur un appareil en utilisant. Sinon sur Ebay, on trouve 5 roulements 693ZZ pour 7€. Je pense que ça peut convenir.
Pour la toile, il vous faut du Dacron (de la chemise synthétique en gros). Le tout est de trouver dans un bazar à pas de sous des bouts rouges et blanc. Il n’y a pas si longtemps on trouvait partout des drapeaux tricolores fabriqués à l’avance en Chine pour fêter la victoire certainement prévue d’un sport guerrier que je ne citerai pas.
Voilà pour les idées.
à Bientôt
Hum, chez moi 90+25+20 = 135 mais je ne fais rien comme tout le monde.. : )
Bonjour Bernard,
Merci d’avoir mis le doigt dessus,
En effet, avec 125 il m’en manquait un peu.
Bon, ça fait bientôt deux ans qu’on nous ment sur les chiffres, du coup on ne se rend plus compte : )
Bien vu, c’est corrigé.