Le planchiste

Si le vol à voile est une activité participative par essence, elle regorge alors de petits jobs qu’il faut impérativement honorer sans quoi l’organisation même de la journée s’en retrouverait bouleversée.
Du prestigieux rôle d’instructeur à celui de treuillard, y a t’il alors un poste plus ingrat que celui de planchiste ?

Posté au « Starter« , volontaire ou désigné par le responsable de piste il tiendra la mission ingrate de tenir la planche de vol jusqu’à ce qu’il en ait marre (en général) ou qu’il doive partir pour voler ou pour un autre besoin tout aussi naturel. Il s’arrangera alors pour se faire remplacer (pas d’abandon de poste bordel !).

L’avantage certain dans le rôle de planchiste est qu’il est exempt de manipulation (quand il y a suffisamment de monde pour pousser les planeurs) pour rester à l’affut et éviter de louper un mouvement.
Il faut toutefois avoir un peu de bouteille dans le club, c’est à dire connaitre tout le monde et repérer le matériel au premier coup d’œil, qu’il soit proche ou loin (planeur en approche).

Le planchiste n’en est pas moins immobile car il va à la pêche aux informations en allant voir les pilotes montant dans leur planeur (C’est quoi ton code, t’en a pour longtemps, y a qui après toi ??, ah ok t’as trois Vi, …).

Le planchiste a également sous la main la « radio de piste« . C’est un appareil de radio communication UHF homologué calé sur la fréquence de l’aérodrome. Ce bazar électronique quelquefois crachouillant (avant les années 2000, il était particulièrement crachouillant !) permet au planchiste d’entendre les annonces des pilotes et de se tenir au courant de l’actualité… cet outil lui permet aussi de contacter les pilotes pour leur rappeler qu’il faut redescendre pour donner le planeur au suivant (et oui, quand il y a du monde, il faut partager les planeurs !).
Bien sûr, la fonction première de la radio est d’être un outil de sécurité, aussi quiconque à le droit et le devoir d’intervenir à la radio pour prévenir d’un danger en s’opposant par exemple à un décollage si quelque chose de louche est détecté (un badaud qui traverse la piste au loin, un trolley oublié, un bout de toile arraché… ).

Enfin, le planchiste est le contact privilégié pour les planeurs en vol désireux de contacter le sol (c’est un peu la tour de contrôle) et pour les visiteurs pédestres désireux de prendre contact avec le monde vélivole le temps d’un baptême de l’air (Vi = vol d’initiation).
A ce titre, le planchiste accueille les gens, les renseigne et si ils désirent faire un vol, organise la chose avec les pilotes autorisés et les planeurs biplace, délivre une attestation d’assurance pour le baptême et  bien sûr encaisse le règlement du vol en se mettant 10 à 20% dans la poche (non c’est des conneries).

Vous l’aurez compris, planchiste est un boulot à plein temps lorsqu’il y a beaucoup de monde ou lorsque le temps est moyen car il y a beaucoup de rotations (décollages/atterrissages) ou bien un boulot mortellement chiant lorsqu’il y a peu de monde et que vous êtes seul en piste au milieu de rien avec votre planche et votre radio muette.

Dans de grands moments de solitude sous le soleil de plomb du mois d’août, à l’apogée de son inactivité, le planchiste se lance par désespoir dans le calcul mental. Il s’essaye à faire des soustractions en base soixante entre la colonne « heure de départ » et « heure d’atterrissage ».
Accablé par le désordre et la moiteur du camion de piste, savoure, ami planchiste, les saveurs croisées de l’anticyclone et des mathématiques.

A toi, malchanceux du briefing matinal, je dédie cet article car ton sacrifice nous a permis de voler et d’éviter la pire des corvée : )

Pour marque-pages : Permaliens.

6 réponses à Le planchiste

  1. Christophe Puiseux dit :

    Que de souvenirs, c’est vrai qu’il fallait avoir l’oreille, surtout au début. Après on s’accoutume.
    Starter 5

    • PSX59 dit :

      Quand on répondait « 5 » c’était dans les bons jours.
      Avec l’antenne TDF, sur 123.05, je crois qu’on captait plus facilement France Info que les planeurs du coins : )

  2. Christophe Puiseux dit :

    Des fois on disait 5 même si c’était 3 parce qu’on avait compris et qu’on voulait pas faire chier… Sinon, tu peux nous refaire un message correct ?

    • PSX59 dit :

      c’est pas faux mais je peux plus répondre, ce serait incorrect : )

  3. Manu dit :

    Salut Vincent et belle année 2023 à toi et tes proches !
    j’adore la dernière phrase…on sent bien le truc là 🙂

    • PSX59 dit :

      Merci Manu,
      Bonne année également et à bientôt pour la réunion de début de saison.

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